Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     SERVIR     
FEW XI servire
SERVIR, verbe
[DÉCT : servir ]

A. -

Empl. trans. dir. [Suj. animé] "Être au service de qqn" : Mais toutesvoies, celui qui les sert [les dieux et noz parens] et honeure selon sa puissance, il est vertueus. (ORESME, E.A., c.1370, 451).

 

-

Servir qqn de qqc. "Rendre service à qqn par qqc." : ...donques le laboureur le servira [le medicin] de son mestier ou li baillera de son blé ou de son vin tant que il souffira selon raison et justice. (ORESME, E.A.C., c.1370, 294).

 

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Au fig. : Car, si come Socrates cuidoit et disoit, ce seroit dure chose et fort a faire, tant comme tele science est en .I. homme, que un autre chose eüst commandement et dominacion sus ceste science et traisist cest homme contre sa science, aussi comme se il feüst serf ou sa science serve. (ORESME, E.A., c.1370, 366).

 

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P. métaph. Servir qqn de qqc. "Servir qqc. à qqn" : Et les gens dessus dis que les princes font leurs amis ne sont pas vertueus. Et pour ce, ilz aiment un pour une chose et autre pour autre. Et ainsi voion nous communelment que ceuls qui les servent de delectacions ne scevent trouver les proffis, ne ceuls qui scevent trouver les proffis ne sont pas esbatans. (ORESME, E.A.C., c.1370, 425).

B. -

Empl. trans. indir.

 

1.

[Idée d'utilité ; suj. inanimé]

 

a)

Servir de qqc. à qqn. "Servir à qqc. pour qqn" : Et encore appert autrement, quar selonc les philosophes et meisme selonc Aristote ou secont livre de Phisique, totes choses corporelez qui sont en l'espere des elemens sont pour honme, et les generacions et corrupcions qui seroient faites vers le centre de la terre, l'en ne pourroit dire de quoy elles serviroient ne a honme ne as bestes ne [a] autre chose. (ORESME, C.M., c.1377, 258).

 

b)

Servir afin de + inf. "Servir à" : Mais celle terre qui est vers le centre sert et est a fin de sostenir l'autre [terre] (ORESME, C.M., c.1377, 258).

 

c)

Servir à qqc. "Être utile à qqc." : Mais telz sens sont donnéz a homme pour celle cause meïsme et avecques ce pour ministrer et servir a la cognoissance de l'ame intellective, a laquelle cognoissance tous les .V. sens dessus diz sont neccessaires. (ORESME, E.A.C., c.1370, 221).

 

2.

Au fig. [Idée de service dû et de dépendance ; suj. animé] Servir à qqc. "Être l'esclave de qqc." : Car nous veon que le plus des gens sont trop enclins a delectacion et servent as delectacions. (ORESME, E.A., c.1370, 497).

 

-

P. métaph. [Suj. inanimé] "Dépendre de qqc." : Et met encore Averroïz une autre similitude de pluseurs artifices qui sont souz un principal auquel il servent. (ORESME, C.M., c.1377, 464).

 

.

"Être subordonné à qqc." : Et selon ceste maniere sont les arts et doctrines et offices ordenees les unes pour servir as autres. (ORESME, E.A., c.1370, 104).

 

3.

[Idée de prestation ; suj. inanimé] Servir de qqc. "Offrir, apporter qqc." : Premierement nous dison que, posé que sapience et prudence ne aucune d'elles ne feïssent ou servissent d'autre chose, neent moins il est de neccessité que toutes deux selon elles soient eslisibles (ORESME, E.A., c.1370, 355).
 

Oresme Charles Brucker


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